À la recherche d’un robot-poète !

L’ère du numérique amène un lot de possibilités en littérature. L’avènement de l’ordinateur dans notre vie quotidienne a changé notre rapport à la lecture. Mais le numérique entraîne aussi de nouvelles avenues du côté de l’écriture. L’intelligence artificielle pourra-t-elle un jour saisir le domaine strictement humain qu’est l’art littéraire ?

En effet, l’un des fondateurs de l’informatique, Alan Turing, s’est très tôt questionné sur les rapports entre la mécanique informatique et l’intelligence, en adhérant à l’idée que les machines pourraient bientôt se perfectionner afin d’imiter et de maîtriser le langage humain. Turing a imaginé un test par lequel un homme serait présenté à deux interlocuteurs dissimulés, soit un homme et une machine, avec lesquels il interagirait de manière écrite, en leur posant des questions. Il lui faudrait alors deviner laquelle des réponses provient d’un être humain. Dans son texte Computing machinery and intelligence, Turing y prédit que d’ici l’an 2000, il sera impossible de différencier les réponses de l’homme de celles d’une machine. Ce postulat audacieux fait désormais l’objet d’une compétition annuelle, le prix Loebner, où l’on récompense les programmes d’intelligence artificielle les plus susceptibles de passer le test, bien qu’il n’est jamais été réussi par quiconque. Les progrès des programmeurs d’intelligence artificielle dans l’imitation du langage et de la communication sont toutefois notables, et l’un des plus récompensé est le programme de simulation conversationnelle A.L.I.C.E, accessible sur Internet.

Cela dit, ces avancées technologiques nous emmènent à nous questionner sur le processus de langage et de création littéraire. Il nous semble qu’aujourd’hui, la création littéraire est en présence d’un concurrent direct, ou du moins d’un allié qui lui ouvre de nouveaux possibles. Le meilleur outil qui a été développé pour imiter la création littéraire est le générateur de texte aléatoire. Des artistes-chercheurs passionnés comme Jean-Pierre Balpe se sont consacrés au développement du système le plus perfectionné possible, capable de pondre en une fraction de seconde une matière textuelle réunissant des éléments divers de notre littérature. La description de tels générateurs sera l’objet de l’article suivant.

Quoiqu’il en soit, nous, Daphnée, Dominique, Laurence et Leïka, quatre littéraires passionnées, avons décidé de mettre la main à la pâte et de confronter des textes générés automatiquement à notre propre processus de création littéraire, afin de découvrir si un compromis artistique est possible entre des entités au fonctionnement extrêmement différent, soit la machine et l’homme. Nous explorerons d’abord les aspects théoriques liés aux générateurs de texte, puis nous ferons état de nos tentatives pour transformer les textes générés en oeuvres d’art porteuses d’émotions et de sens.

Source : Hugh Loebner, The Loebner prize [en ligne] http://www.loebner.net/ [site consulté en mars 2014]

Qu’est-ce qu’un générateur de texte ?

« GÉNÉRATEUR AUTOMATIQUE DE TEXTE : Un générateur automatique de texte crée des textes à partir d’un dictionnaire de mots et d’une description informatique des règles d’assemblage de ces mots. »

S’il peut s’avérer tout à fait étonnant qu’un texte,  chose qui apparaît pour nous, littéraires, comme étant sacré, les générateurs de texte, eux, n’ont rien de spirituel. En effet, un générateur automatique comprend un dictionnaire constitué d’une panoplie de mots décrits méticuleusement par des propriétés qui prennent toutes, croyez-le ou non, des valeurs NUMÉRIQUES. Autrement dit, la grammaire est formée, dans les générateurs textuels, d’un ensemble formel de règles de calcul sur les propriétés, ensemble qui forme ce que l’on nomme un « moteur d’inférence ». Devant une multitude de possibilités algorithmiques, le programme générateur arrête son « choix » de façon tout à fait aléatoire sur un mot qui deviendra sous peu une phrase.

Jean-Pierre Balpe, homme de lettres, est celui à l’origine des générateurs tels que nous les connaissons aujourd’hui. Sa propre vision des générateurs automatiques m’apparaît éclairante :

« Un générateur automatique est un automate capable de produire en quantité psychologiquement illimitée des objets acceptables dans un domaine de communication antérieurement défini, c’est-à-dire reconnu comme domaine par une communauté de récepteurs. »

Il faut donc comprendre qu’en reproduisant d’une certaine façon des « objets acceptables dans un domaine de communication antérieurement défini », le générateur automatique ne brille pas par ses textes innovateurs. N’en demeure pas moins que la prouesse de ces générateurs est impressionnante, et que comme l’affirme Balpe lui-même, le but des générateurs n’est pas de générer des textes nouveaux et parfaitement corrects sur le point de vue syntaxique et grammatical. En effet, il semblerait que l’objectif premier de ces programmes soit davantage de fournir le squelette d’un texte plutôt qu’un texte fini (mais j’entre ici sur le rôle de l’auteur et tel n’est pas mon objectif).

D’un point de vue plus technique, il faut savoir que tout générateur automatique repose d’abord sur une description qui ne contient que des informations très générales numériquement codées. Cette description, très vague, permet au programme une grande « liberté » quant au choix des mots, de la syntaxe, etc. Petit à petit, donc, les codes se transformeront en mots, et un texte sera officiellement généré. Ce texte, Balpe le qualifie de « chaîne d’états [linguistiques] finis ».

Mais avant d’en arriver à ce texte  fini, il faut passer par des « états intermédiaires ». Ceux-ci deviennent graduellement de plus en plus précis, si bien que des éléments du texte final et d’autres éléments, encore codés, se chevaucheront. Ces codes seront de nouveau transformés en une description plus longue et plus précise contenant des éléments du texte final et des états non-finis. Ce même processus aura lieu tant et aussi longtemps qu’il restera des états intermédiaires dans cette chaîne de mots et de codes qui deviendra un texte fini. Cette définition des générateurs de texte donnée une fois de plus par Balpe, plus technique, résume très bien ce que je viens d’expliquer :

« La génération d’un texte ne consiste donc en rien d’autre qu’en la transformation linéaire de l’ensemble des états non-finis en une chaîne d’états finis. »

Source : Leonardo on-line, « Qu’est-ce que la génération automatique de texte littéraire ? », [http://www.olats.org/livresetudes/basiques/litteraturenumerique/11_basiquesLN.php], page consultée le 6 mars 2015.

Et l’auteur, dans tout ça?

Le générateur de texte questionne nécessairement le rôle de l’auteur dans l’écriture du texte. Que devient l’écrivain devant les réalisations de la technologie? Que fait le programme informatisé que l’auteur ne peut accomplir? L’être humain est-il encore nécessaire à la création littéraire?

Selon une enquête non-exhaustive qui interrogeait la réception, chez le lecteur, d’un texte créé à partir d’un générateur de texte, la plupart des répondants ne comprenaient pas le sens de l’histoire, mais y voyaient tout de même le potentiel d’une analyse syntaxique ou poétique. Cependant, aucun d’entre eux n’aurait été intéressé à lire un roman écrit entièrement de cette façon! Qu’est-ce qui nous intéresse alors dans cette invention littéraire?

Jean-Pierre Balpe, dans son texte La position de l’auteur dans la génération automatique de textes à orientations littéraires, accorde plus d’importance au processus d’écriture plutôt qu’au résultat figé que prône le travail de l’auteur. Avec le système de création informatisé, le fond du texte se déploie à mesure que la forme se modifie et les possibilités sont infinies. Pour reprendre l’image de Balpe, le « squelette » s’entoure alors d’un corps parmi tant d’autres, car il est question d’une approche ouverte de la littérature. Il est alors pertinent de se demander si l’imagination de l’auteur est capable de produire autant de formulations que l’ordinateur. Probablement pas. Il semble, du moins, que l’échange entre l’humain et la machine créatrice soit fertile, car malgré le fait que l’un ne peut remplacer l’autre, les modifications apportées par chacun sont complémentaires; l’un assemble les parties selon le modèle d’un tout et l’autre est tenté de corriger en fonction du sens réfléchi.

Selon le même auteur, la lecture doit être abordée de la même façon que l’écriture, c’est-à-dire qu’elle est en perpétuelle transformation. Nous devons lire ces textes générés comme une fraction d’un texte incomplet, inachevé. Le lecteur se retrouve alors dans l’ « attente » de ce qu’un prochain texte peut proposer, sans considérer cet extrait comme une finalité. Quoi qu’il en soit, l’intelligence des générateurs de texte n’est pas évoluée au point de comprendre et de définir un sens comme en est capable l’être humain. Du moins, pas encore!

( Ce texte est basé sur cette source ainsi que tous les mots référents entre guillemets: Balpe JP. La position de l’auteur dans la génération automatique de textes à orientations littéraires. In: Linx, n°17, 1987. Le texte et l’ordinateur. pp. 98-105. [en ligne] http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/linx_0246-8743_1987_num_17_1_1081 )

Quelques essais en création

À fin d’expérience, Daphnée, Leïka et Laurence se sont penchées sur des textes générés par le système du site http://enneagon.org/phrases, un générateur construit basé sur le principe des chaînes de Markov, et qui engendre des phrases à partir d’une base de données  composée en grande partie de romans du XIXe siècle.Voici un des textes générés qui a servi de base.

Manière dont elle baignait ma plaie ; j’étais glacée de peur ! Sans l’aide de son couteau de chasse, avec des fers qui brillaient au loin mille croisées éclairées, et il songeait avec désespoir que nous avions déjà parcouru un grand espace blanc. Formé par moi, ni par son instrument. Aurez-vous le secret espoir de recueillir de leur victoire.

  • Générateur

Comment interpréter cet amas de phrase à la syntaxe et aux liens sémantiques douteux ? Les trois artistes se sont toutefois attardées sur les images surprenantes créées par le générateur, et ont repris les idées confuses du texte, le tout à leur manière.

Inondée de sang
Glacée de peur
Trop loin déjà pour rebrousser chemin
Aurais-je l’audace
D’espérer

Daphnée

À lintérieur de sa peur

elle recueillait les fers

et les mille croisées

formés par sa plaie

secrète

désespérée

elle songe, songe encore

aux vastes plaines

blanchies

chasse linstrument

couteau brillant

qui glace

et à sa manière

fait baigner

le sang

Leïka

À première vue, tout était blanc. Pourtant, tout était rouge, ensanglanté. J’avais peur, car je ne savais pourquoi elle m’avait laissé ici, seul et sans repère. Couché dans la baignoire, je souffrais, je ne me souvenais de rien. Paralysé par la terreur, je n’avais rien pour me défendre. J’étais faible, terriblement faible, lorsqu’elle entra dans la salle de bain; mon sexe à la main.

– Laurence

Voici d’autres textes générés que nos auteurs se sont plu à colorer de leur sensibilité et de leur imagination !

Esprit créateur, qui ondoies autour du vaste bûcher, tantôt disparaissant de la terre d’autorité si respectable en elle-même, quoiqu’elle vînt, hélas ! Perpétuellement occupé à chercher les nonnes, ayant fait une partie. Lundi prochain je vais en outre devoir supposer que le fait ne fut jamais roi, l’essentiel est la pensée de son enfant. Supposons que je le suis à croire qu’il avait tenté de se retirer et s’avança vers les bûchers surmontés de leurs potences. Approche donc seul, blessé, compromis, j’ai peur que non, tant que l’éclosion du soupçon dans ce cœur blessé que par la tête ?

  • Générateur

Dieu erre et vacille de la terre aux cieux, cherchant à inscrire chez ces pauvres nonnes sa parole et son verbe fait chair. Mais ces dernières, victimes de leur statut, ne peuvent qu’espérer voir le temps passer plus vite, autour d’une partie d’échecs. Quelques pions fous, un roi, une reine, voilà ce qu’il leur faut pour chasser l’ennui mortel qu’est celui de prêcher la parole d’un Père absent et muet. Il est facile pour lui de clamer s’être avancé parmi la cohue et avoir bravé la mort lorsqu’il est impossible de déterminer si jamais il ne fut. Les nonnes, cloîtrées entre des murs hauts et dans leurs habits pudiques ont soudainement peur, et chacune, silencieusement, tait les soupçons qui la dévorent depuis trop longtemps, déjà.

– Daphnée

Concours médiat ou immédiat de tous les matois, où donc êtes-vous allé quand vous m’en parlez pas ! Enchantés de nous retrouver de plus en garnison, mais leurs bateaux continuent à débarquer sur la plate-forme rocheuse. Malade, il n’essaya pas de cacher qu’il vous empêchera d’avoir le second prix. Laissez-le aller, dit à son tour de promenade dans le couloir.

  • Générateur

Il y avait des roches à perte de vue. Je ne me rappelle plus à quoi ressemblait la montagne derrière. Y en avait-il une? Ou un ciel peut-être? Je ne le sais plus. Seulement les roches me reviennent à l’esprit. Elles ressemblaient à la collection de ma belle-mère: brillantes et rougeâtres. Puis, soudain, un bateau est débarqué là, devant moi. Il tentait de naviguer, encore, mais en vain, sous la plate-forme rugueuse. Aucun mouvement n’était possible. Il demeurait prisonnier, comme un malade dans sa maladie. J’ai alors murmuré mon enchantement au matois, car j’avais toujours rêvé d’embarquer sur un navire. Mais le matois m’a immédiatement empêché de monter sur la promenade. Il m’a caché les yeux et m’a crié de le laisser aller. J’ai continué mon acharnement. Où le bateau pouvait-il aller, puisque piégé? À son tour, il m’a parlé doucement des garnisons et j’ai compris le prix à payer. Je suis donc resté sur la roche. Je ne voulais pas errer dans le couloir entre ma première et seconde vie. Le matois a quitté, me laissant là. Je n’ai pas essayé de le suivre. J’ai plutôt regardé longtemps le bateau échoué avant de gravir les autres roches et peut-être la montagne et peut-être le ciel.

– Leïka

 

Dormir tout du long à notre hauteur : cramponné au collier, ivre de colère, au moment du souper. Riez tant qu’il y eût engagé toutes ses forces. Car pour moi, elles me paraissent devoir l’emporter sur l’amante.

  • Générateur

Accroche-toi à mes perles, mord-moi, dévore-moi, mais surtout désire-moi. Désire mon corps comme tu l’as désiré il y a de cela vingt ans. Je ne suis plus belle, j’ai vieilli, mais je suis la même. Je porte le même amour que je portais, il y a vingt ans. Ce sont les mêmes perles que tu m’as offertes il y a vingt ans. Et pourtant, tu ne me sers plus le vin comme tu le faisais, alors que je te sers tes plats favoris tous les soirs avec autant d’amour. Tu ne m’embrasses plus de la même manière avant de quitter la maison. Tu ne me regardes plus de la même façon alors que je me glisse dans ma robe de soie blanche, car je sais qu’elle la porte mieux que moi, qu’elle est plus belle que moi, qu’elle est plus jeune que moi.

– Laurence

Par ailleurs, les deux voies, la circulation des trains habituels s’arrêtât ! Correct sur les deux murailles visqueuses du corridor. Puis la porte se leva, passa aux frais de la guerre du bien public. Écris avec du sang aux mains.

  • Générateur

Dans le train depuis ce matin pour un rendez-vous d’affaires importants. Tout à coup, le train dans lequel je me trouve s’arrête brusquement. Sérieusement? Je n’ai vraiment pas le temps d’être en retard! Pour la première fois depuis la matinée, je lève le nez de mon journal : par la fenêtre, j’aperçois deux murs surplombant le train. Ce mur semble suinter… Au bout d’un moment, je me remets à ma lecture, quoique encore troublée par cette muraille qui me donne l’impression d’être captive dans ce train pourtant tout ce qu’il y a de plus en plus normal. Je quitte ma lecture de nouveau, lorsque j’entends un bruit sourd provenant de l’extérieur. Au centre de l’un des murs, une porte que je n’avais pas remarquée s’ouvre petit à petit. Je passe la tête par la fenêtre de mon compartiment pour tenter de mieux comprendre ce qui se passe. D’où je suis, j’entends de longs râles provenant de la porte nouvellement entrouverte. Tout ceci devient affreusement glauque! Je frissonne et commence à être saisie d’angoisse. Que se passe-t-il donc, ici? Je vois soudainement une horde d’individus s’échapper de la brèche nouvelle. Ceux-ci rampent, vacillent, trébuchent dans un chaos sans nom. Je suis soudainement horrifiée : leurs mains ainsi que leurs vêtements en loque sont maculés de sang…

– Daphnée

 

Penses-tu avoir fait les distinctions nécessaires, ce beau champ fleuri de miracles, de couler eux-mêmes la lessive. Avait-on le droit de succession, contre lequel il était tombé sous son cou.

  • Générateur

 

Mousse de lessive

coule nécessairement

sur eux-mêmes

Succède-moi

à mon champ distingué

de fleurs sales

mais droites

qui coulent aussi

contre ta beauté

contre ton cou

sur lequel tu tombes

et retombes sans cesse

on croirait au miracle

ne penses-tu pas?

– Leïka

 

Est-elle bête, ma femme, elle est éveillée maintenant. Repasse dans une heure peut-être passa, quoique cela puisse paraître à qui en sait plus long sur vous et moi… Bordel, mais quelle lamentable famille en détresse !

  • Générateur

Moé, j’viens d’une famille de farmers. Ça fait que j’aime ça les vaches, les cochonnes et les chiennes. Tu comprendras que ma femme c’est une vraie : une vraie vache. J’peux te dire qu’il lui arrive aussi d’être une vraie de vraie chienne, ça c’est l’enfer. Mais quand a se décide, le soir, a devient une maudite cochonne, c’est l’enfer. C’est la femme parfaite, j’te dis! Tu trouveras pas mieux dans les environs.

– Laurence

 

On voit donc qu’en harmonisant la syntaxe, en épurant ou en réécrivant les phrases, il est possible d’arriver à un résultat intéressant. Les trois écrivaines sont arrivées à évoquer des univers très différents, tous chargés d’une poésie intrigante. À la lecture, on a l’impression d’être saisi au coeur d’un récit, ce qui entraîne l’esprit dans l’extrapolation des éléments manquants  de l’histoire. Le principal atout du générateur de textes est de forcer l’imagination. Il entraîne le créateur dans des zones où il ne serait jamais allé, et ce procédé rejoint en ce sens le surréalisme, qui avait pour but de libérer la création de l’intention, et de laisser parler l’inconscient de l’artiste pour que les oeuvres réussissent à saisir des vérités profondes sur l’art et sur la vie. Les générateurs vont plus loin que les écrivains surréalistes dans ce qui relève de l’étrangeté des textes produits.

Entre Ionesco et Racine !

Nous nous sommes aussi amusées à agencer des phrases produites par le générateur pour créer une petite pièce de théâtre qui se retrouve sur Youtube. Nous y sommes allées au gré des thèmes récurrents qui surgissaient du générateur et nous avons réussi à produire une histoire fonctionnelle. Nous n’avons modifié la syntaxe d’aucune phrase, il s’agit vraiment du texte original ! Il fut intéressant d’utiliser les ressources du théâtral pour donner corps aux répliques bancales et robotiques. Nous avons aussi créé une mise en scène aléatoire qui accentue l’effet morcelé du texte. Il en résulte un effet absurde qui se mêle à une tonalité digne des grandes tragédies. Le générateur du texte est donc une splendide ressource pour les oeuvres comiques !

Suggestion de générateurs…

Les générateurs peuvent être utilisés à différents usages, en voici quelques-uns.

Celui-ci vous propose de vous créer un nom fictif. Vous choisissez votre nation ou bien votre race (gaulois, hobbit, elfe, démon, etc.), puis votre sexe pour ensuite choisir le nombre de noms que le générateur vous proposera.

Ce générateur vous offre de vous construire un mot de passe sécuritaire, avec toutes les options qui sont maintenant nécessaires lorsque vous vous créez un compte dans un site web quelconque.

Vous voulez séduire l’être-aimé? Ce générateur est fait pour vous. Il vous créera des poèmes d’amour selon vos caractéristiques physiques et celles de votre flamme.

Voilà ce qui pourra aider les écrivains en quête de titre pour leurs œuvres. Non seulement ce générateur offre un titre de roman, mais il propose une couverture complète pour votre chef-d’œuvre.

Ce générateur vous propose des excuses pour ne pas rentrer à l’école ou bien au boulot. Il n’est plus nécessaire de vous creuser la tête pour inventer des excuses qui ne fonctionnent pas, utilisez plutôt ce générateur.

Gen2box a été conçu pour créer des biographies selon une liste que vous devez remplir, soit votre nom, votre âge, votre journée préférée dans la semaine, etc. Vous pouvez y aller aléatoirement aussi pour obtenir une biographie plus farfelue.

Voici le générateur idéal pour redécouvrir nos classiques. Fillerati vous propose de choisir un auteur parmi la liste qu’il propose, l’œuvre qui vous convient, puis le nombre de paragraphes. Vous avez donc des séquences de l’œuvre que vous avez choisi.

Ce générateur de texte est bien intéressant; il vous offre des textes de toutes sortes. Faites parler la belle-mère ou bien choisissez un texte aux influences bibliques. Ce site vous offre des textes aussi bien en français qu’en anglais.

Vous êtes un critique artistique et vous ne trouvez plus les mots? Pixmaven vous trouvera les mots justes pour n’importe quelle œuvre.

Ce générateur semi-automatique vous invite à faire quelques choix pour vous créer une histoire. Soyez le héros de l’histoire et faites les choix qui vous permettront de créer plusieurs alternatives au déroulement de votre œuvre.

Pour conclure

Les conclusions à tirer de ces brèves expériences sont nombreuses, mais quoi qu’il en soit, il nous semble que l’élément le plus important à retenir est le fait qu’un texte généré n’est pas un produit fini, mais plutôt quelque chose qui sert de structure à un éventuel résultat final. Bien que ce qui est produit par ces programmes générateurs ne soit pas parfait, il est toutefois nécessaire de comprendre l’avancée technologique que consiste le fait de pouvoir produire des textes de façon totalement automatique. Poussant cette réflexion des possibilités de l’intelligence artificielle, il est normal de se questionner sur l’avenir de l’écriture, mais aussi, pourquoi pas, sur l’avenir tout court. Numériquement parlant, jusqu’où irons-nous? L’excellent film Her, réalisé par Spike Jonze en 2013 soulève également ce questionnement. En résumé, un homme, seul, s’achète un logiciel d’intelligence artificielle qui prend le nom de Samantha. Peu à peu, le solitaire s’éprend de la voix issue de son logiciel pour finalement tomber follement amoureux de cette Samantha qui n’est en fait qu’un amas de programmes et d’éléments générés. Certes, cette histoire a lieu dans un futur qui n’est pas encore le nôtre, mais n’est-ce pas tout de même troublant et porteur de réflexions?

Mais en attendant cette époque, où, peut-être flirterons-nous avec une voix robotisée et où les plus grands auteurs seront ceux ayant eu le plus de chance avec les générateurs de plus en plus perfectionnés, que faire? Profiter de toutes les possibilités littéraires qui s’offrent à nous en n’oubliant pas que la nouveauté ne signifie pas que l’ancien est désuet. Il faut accepter que les anciennes et les nouvelles techniques se chevauchent afin de toujours innover.

Et aussi, il ne faut pas oublier de savoir se détendre un peu… à l’aide d’un générateur de blagues, pourquoi pas? http://explosm.net/rcg